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La filière française des semences est en bonne santé, mais fragile

Cette année, les exportations françaises de semences de tournesol vers la Russie ont fortement regressé, du fait de la situation géopolitique.

Semae, l’interprofession des semences et plants, s’est félicité d’une activité dynamique pendant la campagne de 2023-2024, mais s’inquiète de la pérennité de la filière.

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Avec une balance commerciale excédentaire de 1,3 milliard d’euros en 2024, la filière française des semences maintient sa position de leader comme producteur au niveau européen et exportateur au niveau mondial. « Nous sommes sur un secteur très dynamique en termes de production et d’économie […] avec des destinations très diversifiées », a confirmé Pierre Pagès, le président de l’interprofession des semences et plants (Semae), le 10 décembre 2024 lors d'une conférence de presse.

Une érosion du nombre d’agriculteurs multiplicateurs

Ce bilan positif cache néanmoins des préoccupations pour la filière : « Il faut être conscient que cette situation privilégiée est une situation fragile », a indiqué François Desprez, le vice-président de Semae. En effet, l’interprofession constate une érosion du nombre d’agriculteurs multiplicateurs depuis plusieurs années ainsi qu’une baisse des surfaces, qu’elle explique par les aléas du marché mais pas seulement.

Un certain nombre de destinations voit ses ventes régresser, comme la Russie, l’Ukraine et l’Europe orientale, au regard de leur situation géopolitique. D’autres pays, qui ne sont pas en guerre, sont néanmoins dans des situations économiques difficiles d’hyperinflation, et certains mettent en place des barrières tarifaires. À cela s’ajoute un panel de solutions chimiques qui s’amenuise alors que le changement climatique s’accélère et apporte son lot de ravageurs et maladies.

Un manque de perspectives

« Les agriculteurs multiplicateurs manquent de perspectives à cause d’un contexte économique difficile, exacerbé par des moyens de production de plus en plus restreints », affirme Pierre Pagès. « Ces conditions de production qui deviennent difficiles mettent en risque la qualité des productions de semences françaises, cette qualité qui était à la base de notre succès sur le marché intérieur et à l’exportation », ajoute François Desprez.

L’interprofession constate également une délocalisation de certaines productions, vers des pays où les solutions techniques existent encore. « Il s’agit de petites espèces (radis, épinard, trèfle…), donc cela concerne peu d’hectares, analyse Pierre Pagès. Mais c’est quand même important car cela signifie que ces semences ne seront plus produites en France et viendront d’ailleurs. »

De gauche à droite : Anne-Laure Fondeur, directrice du contrôle officiel et de la qualité chez Semae, Jean-Marc Bournigal, directeur du groupement, François Desprez, vice-président, Pierre Pagès, président, Patricia Guillamot, directrice de la communication. (©  Charlotte Salmon)

Un nouveau plan pour trois ans

Au regard de cette analyse, l’interprofession a choisi de faire du maintien de la compétitivité de la filière le cœur de son nouveau projet stratégique « Horizon 2027 ». Les autres axes prioritaires sont le changement climatique, la transition écologique, la responsabilité sociétale et la protection de la biodiversité.

« La semence n’est pas la réponse unique au défi du changement climatique, précise François Desprez. Nous pourrons compter sur d’autres contributions, notamment au niveau du machinisme agricole ou du recours à l’intelligence artificielle… Néanmoins, les agriculteurs attendent beaucoup de la semence et de la création variétale pour être plus résilients face au stress hydrique et aux températures extrêmes. »

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